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D’après une enquête réalisée en 2015 par le Ministère de la culture Français, 26 % des jeunes artistes diplômés d’écoles d’art ne réussissent pas à s’insérer dans le champ professionnel de leur diplôme dans les 3 ans qui suivent la remise de leur diplôme.

Sur ces 26%, 16% sont à la recherche d’un emploi (contre une moyenne nationale de 10%) et 10 % optent pour une carrière en dehors de leur domaine de prédilection.

Les revenus moyens des 74% de diplômés restants qui pratiquent un métier d’art s’établissent quant à eux à 12 000 Euros nets par an.

Ces statistiques illustrent la grande précarité des jeunes artistes.

Dans ces conditions, il est difficile pour la plupart d’entre eux de concilier leurs aspirations artistiques avec les besoins de leur vie quotidienne.

Pour persévérer dans leur travail artistique et arriver à joindre les deux bouts, beaucoup de jeunes artistes sont donc obligés d’exercer une activité secondaire en parallèle de leur art.

C’est un choix nécessaire, mais à double tranchant. 

En effet, un métier d’appoint a pour but initial de permettre à l’artiste de se consacrer à son art tout en pourvoyant à ses besoins alimentaires. Il lui donne aussi la possibilité d’acheter du matériel et du temps pour créer ses œuvres.

Mais le piège, c’est que parfois les aléas de la vie quotidienne prennent le dessus et l’artiste se retrouve à devoir consacrer tout son temps à son travail alimentaire au détriment de son art. Des fois, c’est des questions de nécessité qui le poussent à faire ce choix(vie familiale, besoins alimentaire) , mais d’autres fois c’est simplement des questions de confort.

En raison du temps qu’ils consacrent à leur activité secondaire pour répondre à ces besoins, beaucoup d’artistes n’ont plus suffisamment de temps ni d’énergie à consacrer à leur travail artistique qu’ils réduisent même parfois au rang de simple hobby .

Bien qu’une activité secondaire ne soit pas forcément incompatible avec une carrière artistique, il ne faut pas oublier qu’elle ne doit jamais la remplacer.

En instaurant une certaine discipline vous pourrez éviter de voir votre job para-artistique devenir votre métier principal.  

Dans l’article d’aujourd’hui je vais vous donner quelques conseils, principalement d’ordre financier qui vous aideront à concilier les deux.

En appliquant ces conseils vous n’aurez plus à choisir entre vos projets de vie et vos projets artistiques. 

Vous gagnerez du temps que vous pourrez consacrer à vos créations artistiques, sans sacrifier tout votre confort.

De plus, vous acquerrez une maîtrise sur tous vos projets et vous pourrez envisager plus sereinement votre avenir.

Gagner du temps pour son art grâce à l’argent

Les questions d’argent et de comptabilité rebutent la majorité des artistes. Mais malheureusement l’argent est un facteur qu’on ne peut pas négliger dans son écosystème en tant qu’artiste.

L’adage « le temps c’est de l’argent » est connu de tous. Mais pour un artiste l’inverse est encore plus vrai : « l’argent c’est du temps »

En effet, en plus de permettre l’acquisition de matériel et d’un espace de travail, l’argent sert surtout à débloquer du temps de travail pour son art. 

Aujourd’hui nous vivons dans une société de consommation. Tout est fait pour nous pousser à dépenser notre argent de manière souvent inconsidérée.

Et nous dépensons cet argent sans même y penser. 

Par ailleurs, l’école ne nous fournit pas les outils qui nous aideraient à mieux gérer notre argent. Des cours sur la finance personnelle, ou la gestion des ressources qui seraient salutaires, ne nous sont pas dispensés. 

Pour limiter ses dépenses, l’auteur américain Darren Hardy propose une stratégie très efficace qui est l’effet cumulé.

L’effet cumulé et le frugalisme pour limiter ses dépenses

Le concept d’effet cumulé couvre plusieurs aspects des finances personnelles, cependant aujourd’hui nous allons uniquement nous concentrer sur un seul de ces aspects : les dépenses.

Pour expliquer ce concept simplement, on peut dire qu’une petite dépense n’a pas beaucoup d’effets sur le moment. Par contre, si elle est répétée sur la durée, elle en aura. Et c’est en modifiant de petits détails (souvent de petites routines) qu’on aura des effets importants sur la durée.

Le frugalisme est un mode de vie qui permet d’appliquer cet effet cumulé et d’économiser des sommes importantes d’argent.

Concrètement, il consiste à dépenser le minimum d’argent durant son quotidien, soit pour partir en retraite plus tôt, soit pour avoir un peu plus de temps pour soi.

C’est surtout ce deuxième point qui rend le frugalisme intéressant pour les artistes.

Et contrairement aux idées reçues, être frugal.e ça ne veut pas dire se priver de tout. C’est avant tout prendre conscience de la valeur de l’argent et de ce qu’ il nous apporte concrètement. En clair, c’est consommer moins et mieux. 

Application concrète du frugalisme

Laissez-moi vous donner un exemple.

Pendant plusieurs années j’avais une petite routine. Chaque matin avant d’aller travailler, je me rendais sur la terrasse d’un café Zurichois. Je commandais un café et un croissant et je couchais quelques idées sur un carnet avant de me rendre à mon atelier. Cette petite halte matinale de 10 minutes me coûtait 6 Francs Suisse (5.5 Euros) par jour. À l’époque, je n’y prêtais pas trop attention.

Mais un jour, je me suis livré à un exercice frugaliste, qui consistait à faire une liste de toutes mes dépenses et ce qu’elles me coûtaient quotidiennement, mais aussi sur de plus longues périodes.

Je me suis alors rendu compte que mon petit pêché mignon me coûtait 120 Francs Suisse par mois et 1440 Francs par an (soit 1300 Euros).

1300 Euros, c’était ce que mon emploi alimentaire me rapportait en 2 semaines. C’était aussi le prix d’un ordinateur tout neuf qui m’aurait permis d’être plus efficace dans mes projets artistiques.

En clair, pour ce simple petit plaisir inutile, je me privais de 2 semaines de travail par an sur mes projets artistiques ou d’un nouvel ordinateur.

Pour y remédier, j’ai d’abord essayé d’arrêter le café. Mais je n’ai pas tenu longtemps.

Alors maintenant, je prépare mon café moi-même chaque matin avant de me rendre au travail. Ensuite, sur mon chemin vers le travail, j’achète un croissant au supermarché que je mange au bureau. Cela me coûte un franc par jour, soit 6 fois moins.

J’ai donc réussi à économiser 1100 Euros par an, sans pour autant me priver de mon café et de mon croissant quotidien. 

Après avoir fini de lire cet article, je vous propose vous aussi de vous livrer à l’exercice frugaliste que j’ai évoqué plus haut. Pour cela, créez une fiche excel sur le modèle du tableau ci-dessous (ou alors faîtes le sur une simple feuille de papier).

Comme dans le tableau, inscrivez toutes vos dépenses pendant un mois ou même une année, que ce soit les cafés, le loyer, le téléphone, les billets de train et d’avion… Si vous ne savez pas par où commencer, vous pouvez jeter un œil à votre relevé de compte.

Tableau des dépenses

Ensuite, vous vous livrerez à un jeu qui va consister à essayer de limer au maximum ces dépenses, en passant chaque ligne par deux questions:

  • Est-ce que j’en ai vraiment besoin ?
  • Si oui, est-ce que je peux réduire son coût?  

Pour la première question, il y a des dépenses sur lesquelles on ne peut pas transiger (le loyer par exemple). Mais certaines peuvent être supprimées, et si vous avez un doute, vous pourrez toujours garder la dépense dans un premier temps, puis revenir plus tard en arrière. 

Maintenant, pour répondre à la deuxième question, beaucoup de sites internet peuvent vous expliquer comment réduire vos dépenses avec des astuces ou des comparatifs. : assurance, banque, Internet, abo mobile, loyer. Renseignez-vous, prenez le temps de prendre conscience que chaque Franc/Euro économisé va servir votre projet artistique. 

Les dépenses de plaisir peuvent toujours être réduite sans trop sacrifier son plaisir.

Exemple :

  • Remplacer les soirées entre amis au bar par des soirées entre amis chez soi
  • Remplacer le tabac par la cigarette électronique ( arrêter de fumée reste évidemment la meilleur solutions ) 
  • Remplacer les pizzas semi hebdomadaires au fast food du coin par un dîner mémorable tous les deux ou 3 mois dans un bon restaurant avec des amis.

Certaines de ces alternatives sont d’ailleurs moins nocives pour la santé et plus écologiques. 

Je vous propose d’ailleurs de découvrir un de ces sites. Il vous permettra de trouver des astuces et des détails pour optimiser vos dépenses.

En vous livrant à cet exercice, je suis sûr que vous réaliserez que beaucoup de vos petites dépenses quotidiennes qui vous paraissent minimes, vous coûtent beaucoup en termes de temps et d’argent quand elles sont ramenées à une longue période.

Et n’oubliez pas que ce n’est pas la petite dépense du jour qui fera la différence mais les centaines de dépenses cumulées au fil du temps. 

La sécurité c’est le travail qui a été fait avant 

C’est dans AK, un documentaire de Chris Marker sur Akira Kurosawa que j’ai entendu cet adage pour la première fois. 

Ce cinéaste Japonais arrivait à réaliser la plupart  des scènes de ses films en une seule prise et sans aucune prise de sécurité. 

Image du documentaire AK où Akira Kurozawa guide 2 de ses acteurs principaux sur le tournage d’une scène du film Ran (sorti en 1985)

Cette notion continue à me guider. Si le travail a été effectué de manière consciencieuse, avec discipline et détermination, alors le jour J tout se déroulera comme prévu. 

Ceci est valable autant pour le travail artistique que pour la gestion de l’argent. 

Si vous avez pris cet exercice au sérieux, alors vous allez pouvoir améliorer votre hygiène de vie ainsi que votre train de vie et vous allez pouvoir commencer à travailler sur ce qui compte vraiment: votre carrière artistique. 

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